Diagnostic : principaux constats et enjeux
Une structure territoriale en plateaux
Le territoire comme réseau de systèmes structurants
Un schéma territorial est par nature transversal et touche un ensemble de thématiques.
Pour en comprendre les singularités, le territoire peut être considéré comme un réseau de systèmes
structurants : il repose sur une structure physique, dans laquelle s’inscrivent les systèmes habité et
économique (au sens large), connectés par un réseau de mobilité.
Cinq plateaux aux réalités complémentaires
Le territoire de Charleroi Métropole peut être lu et décomposé en cinq sous-territoires – cinq plateaux complémentaires – aux identités bien spécifiques, tant sur le plan physique et morphologique qu’au niveau de leurs dynamiques socio-économiques.
Les cinq plateaux ont des réalités différentes et complémentaires sur les plans naturel, humain et des infrastructures :
- Au nord, le plateau hesbignon, s’étend sur les communes de Seneffe, Pont-à-Celles, Les Bons Villers et Fleurus*.
- Sur les versants de la Sambre et du canal Charleroi-Bruxelles, le plateau urbain s’étend sur les communes de Chapelle-lez-Herlaimont, Anderlues, Courcelles, Fontaine-l’Evêque, Montigny-le- Tilleul, Charleroi, Châtelet, Farciennes, Aiseau-Presles et Sambreville.
- Au-delà des versants sud de la vallée, le plateau du Condroz s’étend sur les communes d’Erquelinnes, Merbes-le-Château, Beaumont, Lobbes, Thuin, Ham-sur-Heure-Nalinnes, Walcourt et Gerpinnes.
- Le plateau de la Fagne s’étend sur les communes de Sivry- Rance, Froidchapelle, Cerfontaine et Philippeville.
- A l’extrême sud, le plateau des Ardennes s’étend sur les communes de Momignies, Chimay, Couvin et Viroinval.
* Dans de nombreux cas, le territoire communal s’étend sur deux plateaux. C’est notamment le cas de Fleurus, qui, bien que repris principalement dans le plateau hesbignon, a la majeure partie de sa population qui vit dans le plateau urbain.
Rôle structurant des interfaces
A la jonction de ces plateaux se développent une série d’interfaces qui articulent les plateaux entre eux. Le rôle joué par chacune des interfaces est spécifique.
Entre les plateaux hesbignon et urbain : l’interface est caractérisée par l'axe E42 et sa dynamique économique, qui rayonne à une échelle plus large que Charleroi Métropole.
Entre le plateau urbain et le plateau du Condroz : le versant sud de la Sambre et sa frange boisée. L’interface est caractérisée par une forte intégration entre les éléments naturels et l’espace urbanisé.
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Entre le plateau du Condroz et celui de la Fagne : on retrouve les Lacs de l'Eau d'Heure comme point focal qui rayonne à une échelle suprarégionale.
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Entre les plateaux de la Fagne et des Ardennes : la bande qui englobe Chimay et Couvin articule les développements humains autour de la Calestienne.
Des éléments transversaux qui irriguent les plateaux
Des éléments transversaux assurent la jonction entre les différents plateaux et connectent les sous- territoires de la Métropole entre eux. Ces axes connectent également le bassin de vie aux territoires voisins français, wallons ou bruxellois. Il s’agit en particulier :
- des infrastructures de mobilité routière ;
- des lignes de train structurantes ;
- des réseaux de voies d’eau qui structurent le paysage, assurent les connexions vertes et bleues mais ont aussi un rôle à jouer sur le plan de la navigabilité, des loisirs et de la production d’énergie.
Des centralités qui fonctionnent en réseaux
Dans la plupart des cas, les centralités (caractérisées par une concentration dans une ville ou un village de différentes activités/fonctions) se situent aux points de jonction entre les logiques de plateaux, au sein des interfaces ou sur les axes structurants.
Les centralités sont interconnectées et hiérarchisées. Chaque centralité, en lien avec son positionnement, a son rôle à jouer : centre urbain, petite centralité ou pôle villageois.
Le fonctionnement en réseau, pour renforcer la structuration du territoire et les complémentarités entre les centralités, en misant sur un développement solidaire et coordonné, est une des clés du projet de territoire.
Une richesse des diversités paysagères
La diversité offerte par chacun des plateaux permet à Charleroi Métropole de proposer un concentré des paysages de Wallonie. Cette richesse est à protéger et à valoriser, dans le respect des caractéristiques propres à chaque sous-territoire :
- Le plateau hesbignon est inscrit dans un territoire plus vaste qui s’étend jusqu’à la périurbanisation bruxelloise. Il est principalement constitué de champs agraires entrecoupés de densités urbaines dispersées et ponctué de fermes isolées. La dimension agricole du paysage y prédomine.
- Le plateau urbain abrite l’urbanisation dense de Charleroi qui s’étire sur les versants de la Sambre et du canal Charleroi-Bruxelles, mêlée à l’industrie en fond de vallée, dominée par les terrils désormais verts, ponctuée de nombreux espaces verts et ceinturée au sud par une frange boisée intégrant les versants de la vallée.
- Le plateau du Condroz se déploie en larges bandes calcaires formant de vastes replats, entre urbanisation diffuse et agriculture. La dimension agricole dialogue avec les systèmes humains qui s’y déploient et avec le réseau naturel structuré par la trame des cours d’eaux qui sillonnent le plateau.
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Le plateau de la Fagne s’inscrit dans la dépression paysagère de la Fagne-Famenne, où la ruralité domine le paysage : bocages et larges massifs forestiers organisent le territoire. Le plateau est bordé par la Calestienne, frange calcaire qui offre des paysages insolites et une végétation atypique.
Le plateau des Ardennes, à l’extrême sud du territoire de la Métropole, s’étend sur un haut plateau entaillé par les vallées, caractérisé par ses nombreuses forêts composant le paysage représentatif du sud de la Belgique.
Cette richesse paysagère, outre son rôle essentiel à la qualité du cadre de vie, a permis de déployer une offre touristique variée, dont le potentiel et la structuration sont encore à renforcer.
Un triple étalement urbain à maîtriser
Charleroi Métropole, comme de nombreux bassins de vie, n’a pas échappé à l’exode urbain et à la périurbanisation. Depuis des décennies, l’avènement de la voiture individuelle, associé aux prix et à l’offre foncière, dilatent le territoire et entrainent un triple étalement urbain :
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Étalement de l’habitat par rapport aux centre urbains, lieux de travail, pôles de transports en commun et infrastructures d’intérêt collectif ;
Étalement des espaces d’activité économique, par la mise en œuvre de zones d’activités prévues par le plan de secteur ;
Étalement des espaces de consommation, qui sortent des centres pour trouver des superficies de vente connectées au réseau routier principal.
Ce phénomène a de multiples conséquences :
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La disqualification de nombreux centres par la désertion du commerce et l’omniprésence de l’automobile ;
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L’augmentation du nombre de trajets, des distances parcourues et des émissions de gaz à effets de serre ;
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La banalisation du territoire, sa perte d’identité et la mise en danger de son paysage ;
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La mise sous tension des activités agricoles et sylvicoles et de la biodiversité en général ;
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L’augmentation pour les collectivités des coûts liés à l’extension des services et à l’entretien des réseaux.
Une accessibilité inégale
Au sein du bassin de vie, les densités de tissus d’habitat et économiques varient fortement et la qualité
de la desserte en transports n’est pas homogène. Deux enjeux primordiaux concernent l’ensemble des
modes de déplacements :
Le maillage des réseaux de transport doit avoir un dimensionnement adapté aux densités des systèmes habités et économiques. Il doit intégrer l’ensemble des modes de transports ;
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La hiérarchisation du réseau doit permettre une lecture facilitée pour les usagers, mais aussi une intermodalité efficace basée sur une complémentarité et une continuité des modes de transports.
- Du renforcement du réseau urbain de transports en commun ;
- De l’amélioration de la desserte suburbaine en transports publics ;
- Du désenclavement du sud du territoire et de l’amélioration des connections à la France ;
- Du développement d’un maillage cyclable à vocation fonctionnelle et touristique.
Un habitat à moderniser
A l’échelle de la Métropole, on constate un déséquilibre entre l’offre et les besoins en matière de logements. Pour anticiper les besoins, il est nécessaire de prendre en compte :
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Les besoins liés à l’augmentation du nombre de ménages, qui résulte de la croissance modérée de la population, mais surtout de la diminution de la taille des ménages et de la division des familles. Ce phénomène implique un besoin en plus petites unités de logement ;
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Le vieillissement de la population et ses besoins spécifiques en logements et en infrastructures adaptées ;
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La difficulté d’accès au logement pour les faibles et moyens revenus dans certaines parties du territoire ;
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La vétusté du parc de logements, qui nécessite majoritairement une amélioration qualitative, tant au niveau du confort que de la performance énergétique ;
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L’importance de la proximité des équipements et la connectivité multimodale dans le confort de vie, en particulier pour les personnes plus vulnérables.
Des besoins spécifiques en équipements et services
Les constats révèlent des besoins spécifiques liés :
- Au vieillissement de la population : les infrastructures d’accueil, de soins, ainsi que les services de types loisirs, services sociaux, services à domicile adaptés aux personnes âgées seront à développer ;
- Aux infrastructures d’accueil de la petite enfance ;
- Aux infrastructures scolaires ;
- Aux infrastructures de soins.
Des disparités territoriales en matière d’emploi
En matière d’emploi, la Métropole présente des dynamiques contrastées.
Globalement, la croissance de l’emploi est assez faible par rapport à la moyenne belge. La disparition d’emplois dans les secteurs historiques (économie secondaire principalement) est compensée par la création d’emplois dans les secteurs des technologies avancées, des biotechnologies, des technologies de l’information et les activités logistiques.
Si Charleroi Métropole dispose d’autant de postes de travail que de population active, on observe un décalage entre les postes ouverts et les profils des demandeurs d’emploi.