Deux expériences "Territoire zéro chômage de longue durée" à Charleroi Métropole
Les projetsStratégie principale:
2.4Autres stratégies concernées:
Thématiques:
- Emploi et formation
Commune(s) concernée(s):
- Charleroi
- Farciennes
Deux expériences novatrices en matière d'insertion professionnelle pour les plus éloignés de l’emploi se mettent en place à Farciennes et Marchienne-au-Pont.
Un projet politique wallon d’emploi
Un appel à candidatures, dans le cadre d’un projet co-financé par la RW et le FSE, a permis la reconnaissance de 17 micro-territoires pour mettre en œuvre l'approche « territoire zéro chômeur de longue durée ». 2 sont situés sur notre entité géographique : Marchienne-au-Pont et Farciennes.
Le premier est porté par le pôle de reconversion (FGTB- CSC) avec l’appui de la Ville de Charleroi, et le second par les autorités communales (CPAS et échevinat de l’emploi). Environ 5 millions seront consacrés sur chaque territoire pour une période de 5 ans. Ces moyens serviront à mobiliser et accompagner concrètement 200 demandeurs vers l’emploi (dont 50 en CDI) dans une entreprise d’économie sociale, pour combler des besoins locaux insatisfaits, et dans des emplois non concurrentiels. L’initiative concerne des publics précarisés, éloignés depuis au moins deux ans de l’emploi.
La mise en œuvre des projets est longue et complexe car elle repose sur une « fabrique de consensus » entre acteurs d’un micro-territoire. La population, les demandeurs d’emploi, les acteurs sociaux, économiques et politiques entament ensemble des démarches de repérage des besoins non rencontrés sur l’espace de vie, identifient des emplois utiles, vérifient s'il s’agit bien d’emplois additionnels et non-concurrentiels, mobilisent, sur base volontaire et sur base de leurs compétences déclarées, les chercheurs d’emploi qui souhaitent intégrer un emploi. Ils sont rassemblés dans un comité local permanent (CLE) qui pilote le projet et la création d'une entreprise à but d’emploi (EBE).
Une expérience inspirée de la France
Cette expérience, élaborée par ATD quart-monde, a été mise en place sur 10 micro-territoires en France, depuis 6 ans, à partir d’une loi d’expérimentation votée à l’unanimité du sénat et de l’assemblée nationale.
La première phase ayant été considérée comme positive, une deuxième loi, votée l’an passé, élargit le projet à 100 autres territoires. Les postulats qui fondent cette expérimentation sortent de nos cadres habituels de réflexion:
- personne n’est inemployable ; tout le monde a des capacités à faire valoir dans le monde du travail;
- ce n’est pas le travail qui manque ; quantité de besoins sociaux et environnementaux ne sont pas rencontrés souvent pour des questions de solvabilité;
- ce n’est pas l’argent qui manque; les dépenses publiques pour lutter contre le chômage sont très importantes mais pourraient être orientées autrement.
La création d’emploi est aussi une affaire de résilience de quartier ou de commune
Dans le cadre de TZCLD, l’identification des besoins insatisfaits sur le territoire constitue une des premières démarches : habitants et demandeurs d’emploi sont associés et partenaires. Tant la connaissance qu’ils ont de leur espace de vie en termes de besoins que les potentialités, les capacités et compétences des sans-emploi sont à la base même du projet d’un renouveau espéré. Considérer le capital humain résiduel comme l’axe majeur du redéveloppement constitue un vrai processus de résilience du territoire et aussi de vecteur d’emplois.
Bon nombre de demandeurs d’emploi, et principalement les plus fragiles, échappent à cet accompagnement public et associatif et s’enlisent dans une pauvreté croissante. Les expériences TZLCD constituent une rupture forte et positive avec les parcours d’insertion classiques. Avoir d’entrée un CDI, c’est retrouver un salaire, un contrat stable, une dignité, une fierté d’appartenance à une communauté, une parole… sans préalables lourds, sur la base simple des compétences déclarées et de la désirabilité d’emploi.
De nombreuses personnes, bien que très éloignées de l’emploi mais aussi trop souvent de toute figure publique, se remobilisent ainsi et désirent participer à l’activité économique. Autour d’une même volonté d’offrir un accompagnement individualisé à tous ceux-là, des démarches partenariales se développent, avec des travailleurs du Forem, du CPAS, de la Mirec, des régies de quartier, des CISP environnants…
L'expérience, basée sur un modèle français, est donc singulière, longue et complexe. Bien que nécessitant des ajustements (de multiples analyses et évaluations permettent d’améliorer sans cesse le processus), elle montre qu'il est possible de penser et d'agir différemment dans la lutte contre le chômage de longue durée.